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Analyses

Elysium (2013) : Clefs de lecture d’un monde dystopique

Chronique écrite sur le film Elysium de Neill Blomkamp (2013) avec la mise en exergue des clefs de lectures les plus importantes du film.

Elysium (2013) : Clefs de lecture d’un monde dystopique
Elysium (2013) : Clefs de lecture d’un monde dystopique

Elysium est une oeuvre certes ratée d’un point de vue technique, mais très riche dans sa narration et dans son message. Nous allons nous pencher sur les strates imposantes du film et ses clefs de lecture que Blomkamp tente de nous véhiculer.

À travers une science-fiction aux aspects de Blockbuster Hollywoodien, il (le réalisateur) veut délivrer un vrai message. Il situe l’histoire d’Elysium dans un Los Angeles dévasté par la famine, les guerres, la pauvreté… D’un point de vue technique, Neill Blomkamp reprend les codes qui ont fait le succès de District 9 afin de transposer correctement sa vision des choses. Pour une meilleure immersion dans le film, le réalisateur emploie la technique de la caméra à l’épaule. Bien que bancale, la caméra donne un véritable aspect réel au film. Les points de vue divers et variés offrent du grand spectacle technique :

 Plans d’ensemble : Neill Blongkamp maîtrise parfaitement les plans d’ensemble pour montrer les décors au spectateur (les plans d’ensemble représentants la station d’Elysium ainsi que la Terre dévastée). 

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Gros Plans : Gros plans sur le visage de Max Da Costa, le héros malade ainsi que sur le visage de Kruger, Spider, mais aussi celui de Delacourt. L’objectif de ces plans extrêmement resserrés ont un but clair et assumé dans la réalisation de Blongkamp qui font des personnages les piliers de ce film, tant leurs écritures scénaristiques derrières sont bien recherchées.

 Max Da Costa est présenté comme le héros malade, le héros lambda auquel tout le monde peut s’identifier. C’est un personnage qui n’a rien demandé à personne et demande juste à vivre sa propre vie. Ainsi, le personnage se place en contradiction avec certains de ses compatriotes qui habitent avec lui dans la Terre délabrée. Dans le groupe de révolutionnaires qui s’insurgent contre l’autorité d’Elysium qui maintient les hommes sur la Terre, Da Costa est l’électron libre, le mec extérieur qui ne veut s’engouffrer dans aucune brèche criminelle (c’est ainsi la raison pour laquelle il refuse les emplois de Julio et Spider, jusqu’à ce qu’il y soit contraint par sa santé). C’est le bon patriote, prêt à tout pour avoir une vie rangée en tant que simple ouvrier. Le côté cliché de son personnage peut être trouvable du côté de sa relation avec les autres. On le sent complètement à l’écart de ses amis Spider et Julio, ce qui fait que l’on s’interroge directement de sa place dans cette caste de la population terrienne. Max aurait eu le profil d’un homme qui aurait pu se rendre sur Elysium, mais les raccourcis scénaristiques font que l’on ne nous explique clairement pas pourquoi il n’a pas pu être admis. Ce qui est aussi intéressant chez le personnage via les plans iconiques avec lesquels le filme Blongkamp, c’est qu’on remarque que le personnage est aussi mis en valeur d’une manière très christique (lorsque Kruger le blesse dans la bataille finale). Le fameux plan rapproché sur la main de Max qui saigne semble ressembler à celle de la main du Christ laissant tomber du sang. Ainsi, le réalisateur sud-africain jongle dans une ambivalence entre simplicité et spiritualité pour réussir à édifier son personnage principal au rang de celui d’une divinité paradoxale.

La secrétaire Delacourt est la vision figurée de nos politiques actuels. Intraitable, rigide et cruelle, elle est prête à tout pour protéger sa caste de privilégiés quitte à se révéler être d’une cruauté semblable à celle d’une dictatrice. Les plans resserrés sur son visage ferme et marqué accentuent cette dureté physique et cette dureté d’esprit plus particulièrement.  

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 L’agent Kruger est la vision de mercenaires qui abusent de leurs pouvoirs. L’ajout de la folie dans sa psychologie en est la cause. Concernant Spider, il représenterait sous une forme figurée les installations et organismes frauduleux qui feraient illégalement passer les Mexicains à travers la frontière américaine (CF : Voir le film Desierto de Jonas Cuaron). Ainsi, on peut voir que tous les personnages ont des lectures intéressantes, tous bien ancrés dans une réalité qui pourrait advenir en cas de surpollution et de surpopulation. Les personnages sont donc une part intégrante de l’interprétation intéressante que l’on pourrait faire du film. On peut ajouter les personnages de John Carlyle et du président Patel. Carlyle est le milliardaire outrancier qui, prêt pour sa pérennité en tant que citoyen d’Elysium, dénigre la condition humaine en sous-traitant ses employés tandis que le président Patel offre un fond de lutte des systèmes politiques puisqu’il croise le fer avec la secrétaire Delacourt.

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Elysium est avant tout, une critique des inégalités sociales. Le film, dans toute sa première partie, critique la population d’Elysium tout comme les autorités qui contrôlent le reste de l’humanité sur terre. Le rendez-vous de Max chez les autorités en est la preuve, car c’est causé par un problème d’incompréhension de la part des robots. L’androïde qui l’interroge au poste est le syndrome de ce manque de compréhension vis-à-vis des Terriens qui montre que ces derniers n’ont pas le droit à une justice équitable. Blongkamp en profite pour faire une critique assassine des avancées technologiques, montrant les limites de l’impartialité des nouvelles technologies et des robots censés contrôler la masse Terrienne. 

 Ainsi, le film a déjà non seulement une double lecture pour chacun de ses personnages, mais aussi une critique sous-jacente des autorités nouvelles qui pourraient dominer le monde pendant cette année-là (2169 on le rappelle).

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L’architecture d’Elysium est aussi une particularité technique très intéressante du film. Plutôt que de se vouloir comme un simple refuge où les riches peuvent s’abriter, il y a vraiment chez Blomkamp le véritable choix d’explorer la thématique du monde idéal. L’agencement des immeubles et l’omniprésence des forêts en sont un facteur bien précis. L’architecture quasiment « utopique » chez Blongkamp semble ressembler à l’Amaurote de Thomas More dans l’Utopie et même, de manière plus contemporaine, au Tomorrowland de Brad Bird (2015). Chaque immeuble est à sa place et chaque habitant aussi, c’est une cité qui fonctionne sur le principe de la centralisation des fonctionnements et pouvoirs de la station. Comme chaque monde idéal, on a la présence d’un « coeur » technique et politique où se concentrent tous les points qui font fonctionner Elysium. On a la même présence de ce genre de fonctionnement dans Tomorrowland, où Casey trouve un prototype d’un Google Maps grandeur nature dans le bâtiment principal de la ville. Ainsi, dans la mise en valeur de l’architecture que met en place le réalisateur du film, il y a le véritable travail chez ce dernier de construire un monde idéal dans toutes ses caractéristiques. On peut reprocher toutefois au Sud-Africain de ne pas avoir assez exploré cette thématique.

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Plus intéressant encore, on a aussi la thématique de l’exosquelette et des avancées technologiques annexes aux robots. Figure de proue des super-héros et des films Iron Man, on a ici l’utilisation d’un exosquelette beaucoup plus sobre et beaucoup plus probable dans notre futur technologique puisqu’elle se fixe directement dans notre corps. Dans la manière que montre Blomkamp sur comment nous devons la fixer sur l’être humain, la boucherie de la scène en question révèle un caractère très ancré dans le réel de la scène. Tous les autres choix d’objets technologiques du réalisateur ont une consonance particulière avec notre futur. Il reprend aussi certains véhicules que l’on retrouvera dans Chappie, son futur film. On remarque que Blomkamp a une vision futuriste de la technologie assez poisseuse et qui semble plus ancrée dans le réel que d’autres films. Les nouvelles technologies sont plus des assemblages de pièces détachées que de véritables créations. C’est ici que le fossé se crée entre cette vision des objets de notre futur quotidien et sa vision de l’architecture utopique. Que ce soit l’exosquelette ou la violence des androïdes, ils relèvent tous d’une vision dystopique et cette vision en question se heurte contre l’utopie de la station Elysium. Blongkamp livre donc un film intelligent qui propose une ambivalence entre utopie et dystopie, modernisme idéal et modernisme réel.

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Dernier point, Elysium, comme soulevé plus haut, est une manière de montrer de manière subtile, l’immigration et ses difficultés. Comme nous l’avons souligné, les habitants de la Terre habitent dans des bidonvilles semblables aux favelas amérindiennes où règne l’anarchie. Le travail du personnage de Spider (faire illégalement passer des personnes vers Elysium) est le symbole de ce passage de la frontière des Mexicains vers les États-Unis qu’ils caractérisent comme le monde idéal, de la même façon dont les Terriens de 2169 perçoivent Elysium. 

De plus, une scène peut avoir une lecture intéressante. Le combat du groupe de Max contre le trio de mercenaires emmené par Kruger dans le désert où nos héros tentent de voler les informations de Carlyle pourrait avoir une lecture qui part dans ce sens. Un des personnages choisit à un moment donné de s’enfuir et dans une longue course dans un désert, est traqué et tué par Kruger. Ainsi, de la même manière que procède Desierto, on cherche à nous montrer une nouvelle fois que des Mexicains périssent chaque jour sous les balles d’Américains contre cette immigration de masse.

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Ainsi, Elysium, avant même d’être un Blockbuster d’action et de science-fiction, est aussi une oeuvre dénonciatrice de notre futur et dystopique qui dénonce de nombreux faits probables de notre avenir en les anticipant. Le film propose, dans ses thématiques, ses personnages et ses décors, de nombreuses secondes lectures qui font d’Elysium, selon moi, un film intéressant sur son propos en arrière-plan, mais décevant en tant que Blockbuster.

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