Après l’époustouflante trilogie orchestrée par Rupert Wyatt et Matt Reeves, notre cher César tire sa révérence, propulsant l’histoire 300 ans plus tard. À cette époque, l’humanité est presque éteinte, les rares survivants sont des êtres primitifs asservis, tandis que les singes règnent en maîtres dans des tribus claniques. Noa, un primate aussi charismatique qu’un leader de boy band, part en mission pour sauver sa tribu, capturée par un empereur singe qui a usurpé, assez maladroitement, l’héritage de César. En chemin, Noa rencontre Mae (Freya Allan), une humaine étonnamment astucieuse. Wes Ball prend les rênes de ce projet, mais semble servir un réchauffé de « Suprématie » (2017), sans en capturer l’essence.
Le film suit Noa dans son périple héroïque, rassemblant des alliés pour libérer sa tribu des griffes d’un despotisme simien. Wes Ball, héritier d’une saga légendaire, semble submergé par le poids de la responsabilité, optant pour la prudence en livrant ce que les fans pourraient attendre, sans y ajouter sa touche personnelle. Visuellement, le film est impeccable avec des décors somptueux qui témoignent d’un souci du détail remarquable. Cependant, le scénario manque de la profondeur nécessaire pour soutenir la richesse visuelle. Tout est sacrifié sur le scénario MacGuffin : titiller l’attente du spectateur avec ce concept du bunker qui contient des années de savoir humain. Au milieu de tout ça, un despote, des singes asservis pour construire un barrage, un Noa qui intéresse le méchant… Tout comme Suprématie tiens donc.
Techniquement, le film peine à tisser des subtilités narratives qui enrichiraient l’univers. Les arcs des personnages sont prévisibles et manquent d’innovation. Mae offre un semblant de complexité, mais reste sous-utilisée, tandis que Noa semble être une version diluée de César, privée de la nuance et de l’audace qui caractérisaient le leader original. Le Roi Proximus, quant à lui, n’est qu’une pâle imitation de Koba, avec une ambition démesurée et un manque de subtilité flagrant.
Ce road-movie simien, en dépit de ses ambitions, échoue à captiver, évoquant une succession de scènes ennuyeuses sans véritable enjeu émotionnel ou philosophique. « Suprématie » offrait des confrontations épiques et des dilemmes moraux poignants, tandis que « Nouveau Royaume » semble se contenter de dérouler son histoire autour de simples confrontations et d’une fin ouverte qui laisse le spectateur sur sa faim, s’interrogeant sur la pertinence de l’aventure. On en vient à regretter la présence des protagonistes humains (et des antagonistes comme celui de Woody Harrelson). Les dilemnes moraux sont eux aussi aux abonnés absents.
En résumé, ce dernier volet de la « Planète des Singes » s’étire sur 2h25 et, malgré un emballage soigné, livre peu de substance nouvelle, transformant ce qui aurait pu être un renouveau spectaculaire en un divertissement agréable mais superficiel. Un film qui vous fera peut-être plus réfléchir à votre prochaine pause popcorn qu’à la complexité de ses personnages. Aussitôt vu aussitôt oublié, et c’est bien dommage.