Plus personne ne présente Ridley Scott. Du haut de ses 86 ans, le réalisateur Britannique, féru de travail, va nous lâcher quatre gros films en seulement trois ans. Le papa d’Alien, qui a récemment tancé Martin Scorscese sur le fait qu’il n’a réalisé que Killer of The Flowers Moon tandis que lui vient de sortir House of Gucci, Le Dernier Duel, Napoléon et bientôt Gladiator 2, continue d’envahir les salles de cinéma mondiales… en jonglant surtout entre le meilleur et le pire de sa filmographie. Au niveau international, le film Napoléon semble globalement bien fonctionner sans avoir d’excellentes critiques à la clef et en France, la fresque historique avec Joaquin Phoenix a connu une ouverture à près de 760.000 spectateurs sur une semaine d’exploitation.
La production Apple Studios est en tout cas, selon notre avis, un tableau géant de 2h45 au rythme beaucoup trop inconstant. Alternant entre stases romantiques entre Napoléon et Joséphine de Beauharnais (l’âge des deux acteurs fait par ailleurs que l’alchimie ne fonctionne pas du tout si l’on tient compte de l’histoire), scènes d’actions plutôt correctes et longues pauses dénuées d’intérêt, on se noie dans le film qui, de façon surprenante, finit par créer un ennui profond.
Ridley Scott maîtrise les scènes de batailles. Il sait créer de la dramaturgie, encadrer ses guerriers par une photographie et un sens du réalisme qui fait mouche. Les iconiques batailles de l’Empereur Corse sont magnifiquement retranscrites avec doigté et réussite. On ressent la maîtrise du cinéaste pour capter le gigantisme et l’importance des affrontements. Or, c’est tout le reste qui ne fonctionne pas dans Napoléon.
Si l’on mets à la suite les plans laconiques de Joséphine et Napoléon vivant leur longue et ennuyeuse histoire d’amour, on aurait facilement pu obtenir une grosse demi-heure en mois. Difficile aussi de se satisfaire de la performance de Joaquin Phoenix en Napoléon. Personnage qui manque de consistance, souvent monolithique, le comédien singe parfois sa performance dans le Joker de Todd Philipps. Le long-métrage aurait mérité un acteur peut-être plus charismatique et qui aurait pu donner une relecture de l’Empereur. Les seconds rôles sont, quant à eux, invisibles.
D’un ennui farouchement mortel, Napoléon laisse ses spectateurs sur le bord de la route. Nous offrant une introduction insipide et longuette, seuls quelques parties sont à garder en mémoire : la bataille de Toulon, d’Austerlitz et celle de Waterloo. Mis à part ces grands événements, tout le reste n’est qu’une résultante d’un montage charcuté et infecté par toute la romance entre Joséphine et Napoléon. Mais était-ce vraiment ce que l’on était venus chercher à la base ?