Parmi les genres au cinéma, le feel-good movie est une sous branche de la comédie. Elle désigne les films qui sont simplement présents pour changer les idées de son public, les faire s’évader le temps d’une heure et demi dans un autre monde souvent de toute beauté voire un peu niais, afin de distiller des messages importants sur la vie. Très présent dans la décennie 2010, le feel-good s’est un peu effacé en ces deux premières années de 2020, la faute imputée au covid-19 qui a immobilisé le merchandising d’Hollywood mais aussi pour le même problème énoncé ci-dessus : la capacité à émouvoir sans tomber dans de très gros clichés larmoyants et naïfs. Voici quatre feel-good movies à découvrir de toute urgence si vous ne l’avez pas encore fait !
L’extraordinaire Mr Rogers de Marielle Heller (2020)
De 1968 à 2001, le présentateur de télévision américain Fred Rogers anime un programme éducatif, Mister Rogers’ Neighborhood, suivi par des millions de téléspectateurs. En vue d’écrire un article sur le sujet pour le magazine Esquire, le journaliste Lloyd Vogel rencontre le présentateur. Il va découvrir un homme qui s’avère bien différent de ce qu’il avait imaginé.
Notre avis : Unanimement salué par la critique Américaine (96% d’avis positifs sur Rotten Tomatoes), le film de Marielle Heller est disponible chez nous en VOD depuis le 22 Avril 2020 puisqu’il n’a pas pu bénéficier de date de sortie en raison de la pandémie de covid-19. Les Daily Awards parlent normalement d’un film extraordinaire quand The Hollywood Reporter parle lui d’un film « magnifique ». Mais parfois, force est de constater que les critiques qui font consensus visent dans le mille. « Un ami extraordinaire » est un biopic d’une rare sincérité. Le portrait d’un homme sage, modeste et passionné. Un homme qui a une vision de la vie hors normes, aux antipodes de la célébrité traditionnelle. Le film est puissamment sincère.
Une anecdote rapporte notamment que Tom Hanks a appris sur le tournage du film être un parent éloigné de Fred Rogers, ce qui assois sa crédibilité dans le rôle-titre. Nominé à l’oscar du meilleur acteur dans un second rôle dans la cérémonie de 2020 (remporté par Brad Pitt pour Once Upon A Time in Hollywood), Tom Hanks aurait dû mériter le précieux sésame. Il porte le film à bout de bras malgré la belle performance de Matthew Rhys et des rôles secondaires. Un ami extraordinaire c’est avant tout cela, une fresque humaine magistrale et gorgée d’authenticité. Certains pourront reprocher le tire-larmes et la facilité dramaturgique, mais il suffit parfois de laisser de côté son jugement pour se laisser emporter par l’émotion proposée, et le film y parvient à merveille.
Dès les premiers instants, Tom Hanks, dans la peau de Fred Rogers, brise le quatrième mur, vient chercher son spectateur, lui parle avec une telle proximité qu’on ne peut qu’essayer de se laisser transporter. Le personnage, au-delà de s’adresser aux personnages du film, s’adresse aussi à nous. Compte tenu de la carrière de Fred Rogers, il semble que c’est un parti-pris voulu de l’équipe de réalisation. Un ami extraordinaire est donc, comme le titre l’indique, extraordinaire. C’est un film qui peut faire écho avec la vie de chacun. Il faut laisser tous ses préavis, tous ses jugements trop hâtifs de côté pour se laisser emporter par ce tourbillon d’émotions. Un film à voir de toute urgence.
The Greatest Showman de Michael Gracey (2018)
The Greatest Showman célèbre la naissance du show-business et l’émerveillement que l’on éprouve lorsque les rêves deviennent réalité. Inspirée par l’ambition et l’imagination de P.T Barnum, voici l’histoire d’un visionnaire parti de rien qui a créé un spectacle devenu un phénomène planétaire.
Un film extrêmement bien réussi qui s’adresse à tous, même ceux qui ne sont pas véritablement fans de comédie musicale. Fort d’une puissance émotionnellement galvanisante et de musiques réussies, The Greatest Showman vous apporte par son tourbillon de sincérité, de joie de vivre et de musique. Un second opus, après le gros succès du premier, est actuellement en cours de préparation avec la même équipe.
Nouveau Départ de Cameron Crowe (2012)
Père célibataire, Benjamin Mee a bien du mal à élever ses deux jeunes enfants. Espérant resserrer les liens familiaux, il décide de prendre un nouveau départ, plaque son travail et achète une vieille maison sur une immense propriété, qui a la particularité d’abriter un zoo délabré. Plusieurs dizaines d’animaux, ours, tigres et bien d’autres, vivent en effet au Rosemoor Animal Park, où la gardienne Kelly Foster et son équipe dévouée tentent de maintenir les installations tant bien que mal. Sans la moindre expérience, avec très peu de temps et d’argent, Benjamin Mee et les siens vont tout mettre en œuvre pour réhabiliter le zoo et vivre ainsi leur plus grande aventure…
Une ode au « Nouveau départ », une invitation à tout plaquer, tout changer pour découvrir de nouveaux plaisirs de vie. On s’identifie clairement au personnage principal et à ce qui lui arrive. Une œuvre d’une sincérité totale qui vous fait sortir du long-métrage avec un sourire béat. Il y a quelques facilités mais l’essentiel est là : faire sourire.
La vie rêvée de Walter Mitty (2014)
« Ce qui est merveilleux au cinéma, ce qui le rend tellement supérieur au théâtre, c’est qu’il possède beaucoup d’éléments qui peuvent nous vaincre mais aussi nous enrichir, nous offrir une vie qui ne vient de nulle part ». – Orson Welles
En soi, cet avis sur Walter Mitty pourrait se résumer à cette unique tirade de Welles. Parce qu’en soi, la trajectoire de vie emprunté par le personnage de Walter Mitty pourrait sortir de nulle part. Dans la vie de tous les jours, qui pourrait tout laisser tomber et partir à la poursuite de quelqu’un autour du monde pour un souci professionnel ? Le film cherche à montrer un état de fait tout simple. Si l’on est enfermé dans une routine qui nous assaille par sa pénibilité, il suffit de se donner les moyens de plonger dans l’inconnu et de saisir toutes les opportunités qui se présentent à soi. Le cheminement du personnage est en quelque sorte une toile de fond symbolique dans la vie de chacun. Timide et rêveur, c’est un personnage qui, au fur et à mesure de l’avancement du récit, commence à prendre des décisions insensées, juste poussé par son désir de contredire une sentence profonde de son esprit qui est « Je suis bien dans mon confort, je ne veux rien changer ». A de multiples reprises, Walter se retrouve dans une situation où deux choix s’offrent à lui : Prendre une décision importante ou renoncer et rester dans son état de confort du moment (Lorsqu’il hésite à partir sur les traces du photographe, à prendre l’hélicoptère avec le pilote bourré, à sauter au milieu de la mer…) Tout est fait en concordance avec notre vie de tous les jours.
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Loin de vendre du rêve avec du basique, « La vie rêvée de Walter Mitty » cherche avant tout à vendre une autre réalité qui, si l’on arrive déjà à outrepasser le versant gentillet et naïf de la ligne conductrice du récit, peut permettre de nous enrichir sur une vision de la vie qui est à notre portée.
Emouvant, touchant et rempli de vie, « La vie rêvée de Walter Mitty » est clairement un film à ne pas manquer si vous ne l’avez pas encore vu…