Un démarrage explosif en salle pour ce second opus des aventures du sorcier de l’univers Marvel au cinéma, pourtant ,après visionnage, ce nouveau métrage divise et ne fait pas l’unanimité tant espérée par les fans du MCU. S’il possède d’indéniables qualités directes, le film n’apporte pour autant que très peu d’éléments narratifs solides et nous sert parfois des longueurs et des lieux communs assez surprenants pour ce genre de réalisation. Un passage point par point permet de mieux comprendre ce qui grince et laisse le film la croisée du grandiose et du passable, pour ne pas dire médiocre. Attention spoilers en approche.
Docteur Strange, toujours incarné à la perfection par Benedict Cumberbatch, endosse à nouveau le rôle du tonton grincheux qu’il tenait dans No Way Home en voulant limité la casse avec un Peter Parker qui enchaine les boulettes. Ici, le sidekick adolescent relou de service est America Chavez qui est aussi insipide qu’encombrante pour notre pauvre docteur qui doit en plus faire office de mentor. Si l’interprétation, qui sent bon l’à peu près, de Xochitl Gomez y est pour beaucoup, l’écriture et le développement assez navrant du personnage fini de le ranger dans la case des personnages qu’on aura oublié à la sortie de la séance. Un traitement regrettable quand on sait que ce personnage à su faire une place importante dans l’univers Marvel des comics. Si Strange n’avait pas eu ce boulet à trainer tout le long du film, son développement, tant sur le point de vue mystique qu’émotionnel, aurait pu être bien plus dense.
Les rares et courts passages marquants pour Stephen Strange, sont heureusement bien amenés et permettent d’ajouter une dimension émotionnelle importante, même si elle n’est qu’effleurée avec au passage l’une des plus belles déclarations d’amour du MCU, surtout avec le passif du personnage. Quand on sait que Marvel/Disney est capable de faire une mini-série sur Moon Knight qui s’attarde en quasi-totalité sur la psyché et les émotions du personnage principal au détriment de l’action super-héroïque, ils auraient vraiment pu faire mieux que ça pour Strange.
Wanda Maximoff envoie le même sentiment de développement brouillon que Strange, intéressante mais lésée par les facilités narratives. En tant que grande « méchante » du film, elle est dans l’émotion constante et la rage mal contenue, ressentie depuis la perte de Pietro, son frère. Une fois encore l’interprétation intense et sans fausses notes d’Elisabeth Olsen est d’une sincérité sidérante. Même les changements d’identités parfois soudaines sont maitrisés et cela montre bien l’évolution et la force indéniable du jeu d’Olsen.
Si le personnage souffre également des faiblesses du récit, il n’en reste pas moins le véritable moteur du film qui permet de basculer dans l’horreur et l’émotion pure en un clin d’œil. Le véritable intérêt du film, c’est Wanda, malgré qu’on soit en droit de se dire qu’elle a eue sa mini-série pour faire son deuil. Vision n’est mentionné qu’une seule fois et que Wanda semble en paix avec sa disparition, ses jumeaux sont les responsables de sa quête et de sa fureur. Une mère aveuglée par le chagrin, qui rend pour le coup la « méchante » pas si méchante que ça. Il est impératif d’avoir vu Wandavision avant de voir le film.
Si les deux personnages centraux de l’histoire parviennent tant bien que mal à conserver l’attention du spectateur, c’est bien l’histoire en elle même le coeur du problème. Les efforts visuels et la réalisation si particulière de Sam Raimi ne parviennent pas à insuffler la dimension épique et ultra spectaculaire tant attendue. Le spectacle est bien là mais aussi creux et inutile qu’un feu d’artifice. L’incursion dispensable des Illuminatis n’arrange rien et sonne comme une insulte aux personnages qui composent l’équipe. Réduits à de véritables punching-bags, avec des mises à morts aussi brutales que ridicules, ils ont au moins le mérite de montrer la puissance de la Sorcière Rouge. Si le Professeur Xavier se taille la part du lion avec une entrée remarquable et une séquence psychique visuellement soignée, ces Illuminatis sont à l’opposée de leur versions papier tant ils tombent en disgrace à l’écran. « Que quelqu’un aille aider Mordo, il est toujours dans la fosse. »
La partie musicale, dirigée par Danny Elfman, bien qu’en accord avec l’action finit par devenir assommante par le manque de pause. La bande-son devient par moment le parasite auditif qui nous sort du film. Le combat musical qui brille et surprend par son originalité, sa maitrise visuelle et sonore, traine en longueur pour finir par sapper son effet.
Il y a une multitude de détails qui empêche le film de vraiment fonctionner dans son ensemble sans pour autant le faire sombrer dans le médiocre ou le ridicule. Une narration fractionnée pour un réçit simpliste qui perd par endroit l’attention du spectateur venu chercher autre chose de l’action décérébrée pour gobeurs de pop-corn. Sur ce point, ce deuxième volet des aventures de Strange n’arrive pas au niveau de son prédécesseur, en faisant la part belle à un perpétuel mouvement qui tente de camoufler son manque de substance.
Deux scènes post-génériques sont au rendez-vous , la première, relativement importante, permet d’introduire Cléa, la princesse rebelle de la dimension noire interprétée par Charlize Theron. Nul doute que cela pose les bases des prochaines aventures de Strange qui pourrait probablement affronter Umar, la soeur de Dormammu. Marvel et ses histoires de familles… La seconde scène, plus anecdotique, permet de donner le mot de la fin à Bruce Campbell, l’éternel complice de Sam Raimi et héros de la saga Evil Dead. Un cabotinage dispensable.
Un constat mitigé pour ce Strange pourra convaincre un large public par ses qualités visuelles, la patte horrifique rafraichissante du réalisateur et l’interprétation impeccable de Cumberbatch et Olsen. Nul doute que de nombreux spectateurs resteront sur leur faim avec un arrière gout de trahison vis-à-vis de la direction prise par Disney/Marvel pour privilégier le sensationnalisme creux. Il devient vraiment difficile d’accrocher à cette direction tant elle manque de sens et de substance.