The Batman est une question de perception. Qu’il s’agisse de la vision de la vengeance de Batman ou de l’idée que se fait le Riddler de la justice, chaque acteur du film a un point de vue différent qui influence sa façon de gérer et de réagir à chaque situation. Ces perceptions très différentes sont exposées dans The Batman, un film réaliste et complexe qui explore la deuxième année de Bruce Wayne sous le costume du célèbre justicier de l’univers DC Comics.
Réalisé par Matt Reeves à partir d’un scénario qu’il a co-écrit avec Peter Craig, The Batman abandonne l’origine de Bruce Wayne pour raconter une histoire criminelle imprégnée de corruption, et voit enfin Batman émerger pour devenir le plus grand détective du monde.
La rédaction de GeeksLands vous propose une critique contenant des spoilers.
Sombre et Réaliste !
Par Julien
« La peur », Bruce Wayne dans une voix off lugubre dès les premières secondes de The Batman explique l’usage de son arme la plus symbolique, « est un outil ». Il parle de la façon dont l’existence de Batman sert à intimider les malfrats qui sévissent dans sa ville, il est également possible que le scénariste et réalisateur de The Batman, Matt Reeves, ait pris cela à cœur pour son approche du reboot du célèbre super-héros. C’est le Batman le plus effrayant jamais réalisé. Dès la violente scène d’ouverture, le message est clair, ce film n’est pas pour les enfants. Il s’agit d’un thriller psychologique glauque et rageur, qui fait froid dans le dos, avec une forte dose de crime. Matt Reeves, sur presque trois heures, parvient à signer un chef d’œuvre, sinistre, qui fait probablement de ce Batman, le meilleur à ce jour, toute proportion de nostalgie gardée.
Entre la partition musicale de Michael Giacchino à la fois belle et envoûtante ainsi que les prises de vue de Greig Fraser, l’alchimie est poussée à son paroxysme. La façon dont The Batman travaille avec les ombres et la lumière donne une esthétique magnifique au film. Son histoire se porte sur l’un des aspects les plus significatifs du personnage de DC Comics, l’enquête, l’intrigue. En effet, le « meilleur détective du monde« , c’est là ou Matt Reeves met le paquet, sans oublier un instant de sublimer son long-métrage par des scènes d’actions épiques et bien chorégraphiées. Comme si la régalade n’était pas suffisante, le prestigieux casting de The Batman ne tremble pas face à la prestation sans faille de Robert Pattinson, ainsi, Zoë Kravitz qui incarne Selina Kyle, Colin Farrell dans le rôle du Pingouin, Jeffrey Wright en James Gordon, Paul Dano dans la peau du Riddler, l’antagoniste, et John Turturro dans les traits de Carmine Falcone, tous brillent et participent à la dimension XXL que souhaitait offrir Matt Reeves aux fans.
Les dialogues sont poignants et profonds, ils insufflent la noirceur et la sensation dystopique la plus malsaine qui soit à cette ville de Gotham à un tel point que le plus grand ennemi de Batman, s’il fallait encore le prouver, n’est pas un personnage en particulier, mais les inégalités sociales. Ainsi, Bruce Wayne et son alter ego, défient les mystères et complots des élites politiques et des malfrats qui font la loi sous les projecteurs ou dans les ruelles sombres de Gotham City. Alors que nombreux se sont demandés si un énième reboot de Batman en live-action était pertinent, Matt Reeves a répondu à la question.
Violent, intense, plein de noirceur, The Batman combat l’injustice dans une ville ou l’espoir a sombré au plus profond de ses racines, là ou naît le mythe et la légende du plus grand détective du monde. L’intensité et la profondeur dans laquelle Matt Reeves nous plonge avec un tel réalisme est un véritable exploit.
Du Detective Comics !
Par Steeve
Sans crier au chef-d’œuvre, le Batman de Matt Reeves est un véritable régal à tous les niveaux, pour peu qu’on adhère aux changements radicaux apportés au traitement du chevalier noir. Loin du ninja surentrainé que l’on a l’habitude de voir, ce Batman est faillible, maladroit et bien ancré dans la dure réalité de Gotham. Une Gotham également retravaillée sous un angle très proche des comics actuels, poisseuse et gangrenée par la pègre comme toujours, mais débarrassée de l’aspect gothique de Burton et de la froideur de Nolan. Rien n’est laissé de côté dans cette nouvelle mouture du Batman qui met le paquet sur l’intensité dramatique au détriment du sensationnalisme grandiloquent des films de superhéros classiques. Moins de bastons et plus de réflexion pour le Battinson, donc.
Malgré cette différence de traitement, Reeves parvient à capter toute l’essence du Batman original, à savoir le détective. Bien que l’enquête en elle-même ne fera pas de nœud au cerveau du spectateur, l’influence de Fincher sur le portage de Reeves se fait sentir à chaque séquence, parfois même à la limite de la copie mal camouflée. Le contenu du carnet de l’Homme-mystère, lu par Gordon est quasiment identique à ce que dit John Doe à l’inspecteur Mills à la fin de Seven. Pourtant, le film garde son identité et utilise toute cette influence et inspiration pour nous servir une véritable enquête authentique du Batman.
D’un point de vue technique, c’est Byzance ! On se prend le talent de toute l’équipe en pleine bouche tout du long et sincèrement on en veut encore. Malgré quelques lourdeurs et incohérences sur la fin du métrage, on ne peut être qu’admiratif devant une telle maîtrise. Encore une fois, il faut adhérer au style contemplatif et le rythme très lent imposé par Reeves. Pas de scène haletante, mais de l’intensité pure portée par un cast qui donne véritablement le meilleur, Pattinson en tête. Car, oui, s’il était attendu au tournant de sa prestation du Batman par tous les rageux bloqués sur son rôle d’Edward Cullen de Twillight, il prouve encore une fois tout son potentiel et fait valser la critique avec une efficacité déconcertante. Si la tentation de comparer les différents interprètes de Batman est tenace, cette version prouve encore une fois que peut importe l’homme derrière le masque, Batman demeure d’une redoutable efficacité visuelle et dramatique.
Une séquence a marqué le spectateur et fan de Batman que je suis de manière significative. De l’explosion du collier dans l’église, à l’évasion du commissariat en base jump, ce passage à lui seul est d’une efficacité à toute épreuve par son intensité et le respect apporté à chacun des intervenants, si l’on prend le GCPD comme une seule et même entité. Un véritable moment de grâce. De nombreuses scènes sont mémorables, n’hésitez pas à nous faire partager la vôtre (à la fin de l’article).
Tout comme Joker de Todd Phillips, ce Batman donne dans le « Tout ou Rien », on adhère et on savoure, ou on passe à côté et on s’ennuie ferme pendant près de 3 heures. Malgré tout ce qu’on peut entendre la violence n’est pas aussi dure que cela, et on en arrive même à regretter qu’il n’y ait pas un peu plus d’hémoglobine dans ce traitement réaliste. Puisant sans honte dans le Fincher de Seven et Zodiac, Reeves s’inspire également de la réalité avec la séquence du collier piégé qui fait écho à l’incident du « Pizza Bomber » de 2003. Ce réalisme, Reeves le tient de bout en bout de son métrage et adapte son Batman à son univers avec un talent monstrueux. La composition visuelle et sonore est proche de la perfection et colle au rythme lent imposé par le réalisateur qui flirte avec le Kurosawa tellement il étire les scènes pour en extraire le maximum d’intensité. L’arrestation du Pingouin en est le parfait exemple.
Tant à dire sur ce nouveau monument de la Lore de Batman, qui puise également dans cette même source pour les plus avertis des spectateurs.
Outre les influences cinématographiques, Reeves ne laisse pas pour autant tout l’historique de son personnage de côté et distille un fan service fin et élégant, parfois à la limite de l’imperceptible. Des tatouages des jumeaux de l’Iceberg Lounge, à l’emballage du collyre que le pingouin donne à Selina, le souci du détail est aux quatre coins de l’écran et se fond dans un ensemble harmonieux et cohérent.
La seule ombre au tableau vient des 20 dernières minutes, qui dénotent avec le reste du film par un empressement malvenu, un remplissage parfois gauche et chaotique et une fin assez sommaire qui pourra en dérouter plus d’un. On retourne dans des standards assez pauvres en comparaison au reste du film, qui sans tout anéantir, alourdit l’ensemble. Une chose est certaine, ce Batman ne pourra pas faire l’unanimité tant sa différence de traitement est importante et radicale. Le mieux est de vous faire votre propre avis (et de nous en faire part, juste en dessous de l’article).
Une patte artistique extraordinaire !
Par Mathieu
Il arrive en grande pompe après ses multiples reports en raison de la pandémie de covid-19. The Batman de Matt Reeves débarque enfin dans les salles de cinéma avec l’étiquette de Blockbuster d’auteur, si chère à Matt Reeves, qui commence à se cimenter comme l’un des meilleurs cinéastes d’Hollywood.
Pour rentrer dans le vif du sujet, The Batman est bien évidemment un thriller organique et puissant, porté par une mise en scène proche de l’impeccable. On ressent la patte artistique à couper au couteau de Matt Reeves qui magnifie chacun de ses plans pour viser une symbolique particulière. Le cinéaste réussi aussi à introduire efficacement un méchant sans pouvoirs en la personnalité de l’Homme-Mystère (Paul Dano) en uniformisant la tonalité de son récit en quelque chose d’anxiogène et palpable. Car c’est bien évidemment ce vilain qui porte le film à bout de bras, qui, sans sombrer dans la violence, reste constamment dans la suggestion macabre sobre et efficace.
On peut reprocher au film une certaine longueur contemplative sur quelques plans pour appuyer ce côté « magnifique et inédit », un Robert Pattinson pas toujours juste et un Pingouin aux abonnés absents malgré une titanesque interprétation de Colin Farrell. Néanmoins, The Batman reste un inclassable de ces derniers années au niveau des longs-métrages super-héroïques à consommer sans modération.
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