La célèbre franchise vidéoludique Mortal Kombat a connu un redémarrage très attendu en plein mois d’Avril 2021 par l’intermédiaire de Simon McQuoid, tout en étant produit par la Warner et distribué sur HBO Max ainsi qu’en VOD. Ayant été évincé d’une large distribution au cinéma, le long-métrage n’a rapporté que 83 millions de dollars de recettes au cinéma pour un budget avoisinant les 55 millions (comparable au Deadpool de Tim Miller en 2016). Même si l’on ne connaît pas encore les recettes liées à la VOD et à l’exploitation HBO Max, le semi-succès du film aura tout de même poussé Warner à exploiter un vaste univers étendu, en parallèle de la continuité de la franchise.
Ainsi, plusieurs personnages pourraient faire l’objet d’un spin-off (Johnny Cage ? Kitana ?) tandis que certains reviendront sans surprise dans la franchise principale. Censé être mort à la fin du premier film, Sub-Zero (incarné par le comédien Joe Taslim) reviendra dans le Mortal Kombat puisqu’il a annoncé avoir signé pour cinq films. Simon McQuoid semble par ailleurs l’avoir promis, si les gens veulent un Mortal Kombat 2 en salles, c’est aux fans de se mobiliser.
D’autres projets d’envergures pourraient arriver pour explorer cette vaste mythologie puisque Joe Taslim militerait aussi pour obtenir un spin-off sur Sub-Zero, ce qui pourrait arriver compte tenu des cinq films à tourner dans son contrat. En tout cas, voulu comme un véritable film introductif (on ne voit pas véritablement le Mortal Kombat dans le film de Simon McQuoid mais des affrontements avant ce célèbre tournoi), le cinéaste souhaite véritablement lancer l’iconique tournoi des jeux vidéos dans les suites de la saga.
Côté réception critique, même si MK a pu bénéficier d’une sympathie des fans, la donne est mitigée avec seulement 55% d’avis positifs sur l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes. Si nous trouvons le long-métrage assez bien dosé en fan service pour satisfaire les plus exigeants, le tout manque cependant de saveur, et pour plusieurs raisons :
La direction artistique, les décors et la photographie. Les décors sonnent particulièrement vides et l’absence de colorimétrie distinctive rend le long-métrage presque pauvre. On ressent les limites drastiques de budget. Même les séquences dans l’outre-monde sonnent fausses car elles se situent simplement sur une plaine désertique terreuse vide. Les différentes confrontations entre les personnages ne sont pas non plus situées dans des décors intéressants (Une salle de boxe glacée vide pour le combat final ; un terrain nu vide devant une maison pour l’affrontement Goro / Cole ; un entrepôt désaffecté pour le duel Sub-Zero / Jax…). On ressent l’absence totale de prises de risques. D’autant que la majeure partie de ce Mortal Kombat se situe aussi dans cette pyramide isolée où les personnages connaissent leur entraînement.
Mis à part les protagonistes, tout semble mort. Pas de décors notables, peu voire pas du tout de figurants, peu d’interactions sociales, le long-métrage s’embourbe dans des gerbes de sang pour tenter de dynamiser son récit. Alors oui, il est toujours plaisant de voir un Kano bien traité, un Kung Lao lâcher un « Flawless Victory », un Shang Tsung crier « Finish Him » ou voir pas mal de fatalités sanglantes parsemer le film mais rien est enveloppé par une direction artistique solide.
Même au niveau de la musique de Benjamin Wallfisch, on ne bénéficie que de trop rares saillies sonores pour juger le tout comme convaincu. L’unique fait d’armes intéressant du compositeur : un micro-remix de la musique originale de Mortal Kombat lors de l’attaque groupée de Cole Young et Scorpion contre Sub-Zero. Par ailleurs accompagné correctement par les prises de vue de McQuoid, le tout prouve que le film aurait pu être cent fois meilleur.
Parce que les combats sont malgré tout intéressants, et le duel final est rondement mené. Le cinéaste avait d’ailleurs confié lors de multiples campagnes de promotion du film qu’il avait choisi des comédiens très forts dans leurs domaines afin d’exercer d’impressionnantes chorégraphies de combat. Mais mis à part la scène d’ouverture et la scène finale, le reste est rapidement esquissé et trop pauvre en adrénaline (les combats Kano/Sonya ; Jax / Reiko ; Liu Kang / Kabal et même Cole / Mileena), tout va trop vite, probablement par manque de budget. D’un autre côté, si les costumes sont assez réussis (mention spéciale à ceux de Scorpion et Sub-Zero), certains sont très pauvres (Lord Raiden notamment qui est simplement un petit homme sage avec un chapeau chinois).
Alors oui, le film est assez sympathique sur plusieurs points, parvient à satisfaire le fan de la première heure et poser correctement les bases d’un univers étendu mais, cinématographiquement parlant, et ce même si le matériel initial ne permet pas non plus de faire un chef-d’oeuvre, il y avait moyen de créer quelque chose de plus marquant. Notamment autour de la direction artistique qui reste, disons-le, assez pauvre.