Dwayne Johnson, né le 2 Mai 1972 à Hayward est un ancien catcheur reconverti acteur depuis le début des années 2000. S’il a cumulé les deux métiers pendant un temps, il s’est par la suite exclusivement consacré au métier d’acteur dès les années 2010. Acteur très éclectique, Dwayne Johnson a surtout une tendance affirmée à jouer dans des Blockbusters s’axant vers le très grand public. Gros divertissements décérébrés, franchises unanimement qualifiées de gros délires sans prises de tête ou films de super-héros, l’acteur Américain aura ajouté toutes les lignes possibles à son CV mais sans un point essentiel du cinéma : le cinéma d’auteur.
Pourtant, il convient de s’interroger sur la nature même de la distinction « meilleur acteur de la décennie ». Un acteur peut aussi être dissocié des films dans lequel il joue afin que l’on puisse s’interroger sur la véritable valeur de son jeu de comédien. Dans ses long-métrages, Dwayne Johnson ne réalise pas de grandes interprétations mais parvient toujours à être juste. Parce que la sentence est là : The Rock est peut-être bien le meilleur acteur comique de ces dix dernières années. Le comédien de 49 ans s’est si bien implanté dans le genre, qu’on ne peut pas l’implanter dans un autre. Paradoxalement, même si les films composant sa filmographie se ressemblent tous, son interprétation fluctue constamment. En 2016 et 2019, Dwayne Johnson devient l’acteur le mieux payé dans le monde. Il fait aussi partie des cent personnes les plus influentes dans le monde selon le Time 100 de 2016 à 2019.
Dwayne Johnson a toujours ce côté « family-friendly » qui passe très bien à l’écran. Dans Voyage au Centre de la Terre 2 de Brad Peyton, il apparaît comme l’explorateur un peu stéréotypé de tous les rêves d’enfants. Mais là encore, si le film est loin d’être bon, il faut s’attarder sur l’acteur. On ne lui a sûrement pas imposé un style de jeu particulier. Son personnage de l’explorateur Hank Parsons est une parodie de l’explorateur. C’est ce qui fait la sève du jeu comique de l’acteur : Cette capacité à se mouvoir dans une constante auto-dérision. C’est pour cela, en un sens, que Luke Hobbs aura été important à la franchise Fast and Furious. Son arrivée aura engagé le virage à 180° de la saga.
F&F aura perdu ce qui faisait son énergie dans les premiers opus : les courses de voiture. A la place, la dynamique impulsée par Hobbs aura fait basculer le film vers un côté Blockbuster comique à grand spectacle, multipliant les shows XXL d’action sous testostérone. Fast and Furious se sera adapté à Dwayne Johnson, si bien qu’Universal aura choisi de lui faire confiance dans le spin-off Hobbs VS Shaw, conscient du potentiel comique de ces deux superstars d’action. Et encore une fois, cela ne fait plus de place au doute. Loin d’avoir d’excellentes qualités cinématographiques, le spin-off de Fast and Furious est un très drôle Buddy Movie.
Une nouvelle fois, et fort de ses gros scores au box-office, quel acteur comique peut se mettre à la même table que Dwayne Johnson en prétendant mieux se débrouiller que lui dans la comédie Américaine ? Dans ce champ-là, beaucoup sont en perte de vitesse. Seth Rogen cartonne moins et change souvent de registre (il est excellent en Steve Wozniak dans Steve Jobs de Danny Boyle), James Franco, salué dans The Disaster Artist, a disparu des radars, Jim Carrey est toujours excellent mais se fait plus rare sur grand écran tandis que Zac Efron, excellent dans le registre de la comédie, se laisse aussi le choix de partir vers d’autres horizons cinématographiques. Il faut le reconnaître, nul autre que Dwayne Johnson ne parvient à faire d’une comédie d’action un énorme succès financier.
Il aura permis de relancer la saga Jumanji, alors que beaucoup de fans vociféraient du timing indécent entre la mort de son acteur vedette, Robin Williams, et le lancement de ce remake. Le désir du président de Columbia Pictures à l’époque, Doug Belgrad (2012) était d’offrir une seconde jeunesse au film : « Nous sommes en train de réimaginer Jumanji et le remettre au goût du jour ». En tout cas, Jake Kasdan a réussi son pari puisque le film obtiendra 78% d’avis positifs sur l’agrégateur de critiques Rotten Tomatoes et beaucoup auront unanimement salué la force de l’interprétation parodique de son acteur central.
Dwayne Johnson a cette capacité permanente de se réinventer en ayant une auto-dérision constante. Jamais dans la surenchère, toujours dans la recherche du bon ton et de la bonne attitude, le comédien est, par ailleurs, unanimement apprécié par les cinéphiles.
Dwayne Johnson a aussi cette capacité de changer son interprétation vers quelque chose de plus sérieux, de plus dramatique, même si ses films tendent toujours vers le Blockbuster crétin. San Andreas (2015) en est le symptôme. Son rôle y est plus nuancé, moins cliché, même si le film reste toujours léger. La nuance se trouve ici, l’acteur a cette capacité d’endosser des rôles plus sérieux, mais il reste dans la comédie parce qu’il est excellent dedans. The Rock a aussi endossé la casquette de producteur, puisque avec sa boîte de production Seven Bucks Productions il prépare plusieurs films dont la suite de San Andreas.
The Rock, en plus d’une personnalité appréciée de tous, reste l’acteur comique certainement le plus loué de cette décennie. Ses films ne sont jamais unanimement conspués, à contrario d’autres Blockbusters du même acabit qui pourraient avoir la même intention. En termes de cinéma d’action bourrin et drôle, il est le seul à pouvoir porter ce style de métrage sur les épaules. Il n’y a qu’à regarder Gerard Butler, qui en est l’exemple le plus parfait. Lui aussi essaie de capitaliser sur sa capacité à s’inscrire dans des films d’actions ambitieux, mais n’y arrive jamais. Parce que dans ce domaine, seul The Rock est roi.