Chaque Titans à le droit à son petit moment de bravoure mais l’ensemble du groupe est noyé dans divers arcs narratifs parasites, gonflés aux « problèmes » d’adolescents, Jason « Robin » Todd en tête. Le groupe souffre d’un traitement mou qui bascule en permanence entre le très sombre et le trop niais. Pour ce qui est du reste,tout est fait à l’inverse de ce que l’on doit attendre d’une série super-héroïque. En superposant de nombreuses sous-intrigues de remplissage, aussi assommantes qu’inutiles, le show perd totalement de son intérêt au fil des épisodes en tentant maladroitement de faire monter la pression en jouant avec les attentes du spectateur et en le décevant quasi-systématiquement.
Avec sa narration poussive et ses intrigues à tiroirs insipides le show maintient un semblant d’intérêt grâce au personnage de Superboy. Son annonce dans la précédente saison avait de quoi susciter doutes et craintes chez le spectateur,et le résultat est au delà de toutes espérances. La candeur naturelle de Joshua Orpin ajoute une profondeur et une crédibilité à cette version de Conner qui semble sortie tout droit d’un comics, une vraie réussite. Le personnage, appuyé par un Krypto très convaincant, peine malgré tout à relever le niveau général, malgré son introduction cohérente et efficace. Un atout torpillé par la mollesse de l’intrigue.
Autre ombre au tableau, et pas des moindres, les effets spéciaux soufflent le chaud et le froid au fil des épisodes et nous achèvent avec Changelin, dont les transformations sont risibles voire pathétiques. Pour un show super-héroïque, le budget sfx et autres CGI ce doit d’être conséquent. Malheureusement, le personnage fait les frais des économies et chacune de ses interventions « transformées » font peine à voir tant les proportions du tigre ne sont pas respectées d’un plan à l’autre. Une déception pour un pilier de l’équipe qui ne récolte qu’un très faible pourcentage du traitement qu’il mérite.
Même punition pour Starfire, si des efforts ont été fait sur son apparence, son intrigue est traitée totalement par dessus la jambe. Un déséquilibre forme/fond qui nuit à un personnage essentiel de l’équipe, fragilisant un peu plus l’intérêt développé dans la première saison. Les autres personnages sont du même tonneau et subissent le traitement de façade, jouant en permanence la carte du changement d’avis et d’humeur qui finit par rapidement devenir lassant.
Pour les antagonistes le constat n’est pas plus reluisant tant les personnage et les intrigues sont faiblardes et amenées aux forceps. L’utilisation de l’arc « Judas contract » était pourtant prometteuse et laissait espérer de grandes choses autour de l’arrivée, très attendue, de Deathstroke. Une fois encore, les showrunners prennent un plaisir malsain à décevoir leur public en proposant la version la plus inintéressante possible du personnage. L’interprétation, pourtant honorable, d ‘Esai Morales en Deathstroke et de Chella Man dans le rôle de Jericho, n’y change rien.
Ses motivations et les actes qui en découlent font invariablement passer Deathstroke pour un ennemi de troisième zone. Les épisodes trainent en longueur et délaient une intrigue déjà bien trop légère à la base. Les combats et divers affrontements sauvent péniblement les meubles mais ne parviennent pas pour autant à convaincre. Un tel impair est un comble quand on connait un minimum le potentiel dramatique et dramaturgique du personnage.
Son acolyte, le Dr. Light, n’est pas en reste et servirait même d’excuse au traitement superficiel de Deathstroke, tant les scénaristes cherchent à crier aux spectateurs: « Hey! On peut faire pire! ». En lieu et place d’un vilain charismatique, le show nous sert une caricature débile affublée d’un accoutrement indigne d’un cosplay raté. Un personnage massacré par un traitement à l’extrême opposée de son homologue de papier, totalement court-circuité par l’aspect second couteau brutal et bas de plafond qu’on imagine plus transpirer des genoux à l’idée de devoir changer une ampoule, que de mettre au point un harnais high-tech capable de maitriser la lumière au point d’en faire une arme offensive. Cette version est une insulte à peine déguisée au personnage.
Enchainant les plans foireux, la fine équipe patauge dans la médiocrité scénaristique et tourne continuellement autour du pot. Même Dick « Robin/Nightwing » Grayson voit son personnage malmené par les constantes et inutiles remises en question, les prises de décision hasardeuses, le faisant passer à terme pour un tocard impotent, tirant l’ensemble du groupe vers le bas. Ceci écorche le traitement mature et badass de la première saison. Inutile de s’attarder sur Hawk et Dove qui font ici office de bouches-trou. Quand à la mort surprise de l’un des personnages en fin de saison, les circonstances sont au dela du ridicule et résument le manque d’implication générale.
Un véritable gâchis que cette seconde saison, qui sape totalement les efforts fournis et la mise en place solide de la précédente. Une fin ouverte qui ne donne cependant pas envie de subir une saison supplémentaire si elle continue sur cette lancée. Quelques bonnes idées malgré tout, comme le personnage de Bruce Wayne utilisé intelligemment et surtout Superboy qui est une réussite incontestable.