Aujourd’hui, nous vous présentons une review qui nous tient à coeur, puisqu’il s’agit du récit culte « Spider-Man : Bleu », de la quadrilogie des couleurs Marvel (Daredevil : Jaune, Hulk : Gris, Captain America : Blanc) par le célèbre duo Jeph Loeb et Tim Sale (Un long Halloween, Amère Victoire, Des ombres dans la nuit). Cette histoire nostalgique, publiée en 2003, est toujours disponible grâce à la collection « Spider-Man, Daredevil, Hulk » du duo d’artistes, éditée par Panini Comics en 2016.
Il était une fois un jeune homme amoureux qui ne trouvait pas les mots pour déclarer sa flamme. Encore une histoire d’amour comme les autres ? Pas vraiment, puisque le jeune homme s’appelle
Peter Parker, et l’élue de son coeur,
Gwen Stacy. Dans ce récit en six chapitres, le scénariste
Jeph Loeb et le dessinateur
Tim Sale ont eut la brillante idée de nous replonger dans l’âge d’or de
Spider-Man, notamment initiée par
Stan Lee et
John Romita Sr après que ce dernier ait succédé à
Steve Ditko. Pourquoi la couleur bleue ? Parce qu’elle symbolise la tristesse, la mélancolie, et la nostalgie de
Peter Parker, autrement dit le blues. Ici, le héros, comme pour chaque nuit de Saint Valentin, vient déposer une rose sur le pont où
Gwen Stacy a trouvé la mort. Sauf qu’en plus de cela, il décide de s’enfermer dans son grenier pendant que
Mary-Jane dort, afin de se confier à
Gwen à travers un magnétophone, se remémorant ainsi leurs souvenirs communs, ainsi que la période de sa première année en fac et ses combats de l’époque contre le
Rhino, le
Vautour, le
Lézard, le
Bouffon Vert, ou encore
Kraven le chasseur.
Une des initiatives du duo que nous saluons particulièrement, est le titre de chacun des six chapitres du comics, correspondant à une chanson du répertoire blues et jazz.
Chapitre 1 : My Funny Valentine
Chapitre 2 : Let’s fall in love
Chapitre 3 : Anything goes
Chapitre 4 : Autumn in New York
Chapitre 5 : If I had you
Chapitre 6 : All of me
Les scènes se déroulant dans le présent, pendant la nuit, à l’ouverture et à la conclusion du récit, sont uniquement colorisées avec différentes nuances de bleu, symbolisant parfaitement le blues de Peter et instaurant une forte ambiance visuelle. La seule exception est l’utilisation de la couleur rouge pour la rose déposée par Peter, qui est un sublime parti pris artistique. L’efficacité de l’histoire tient du fait qu’elle soit accessible à tous via ce long flashback formant les 95 % du récit, permettant aux lecteurs de (re)découvrir en détails les premières relations présentes dans la vie de Peter Parker (Tante May, Harry Osborn, Flash Thompson, Curt Connors, Joe « Robbie » Robertson…), ainsi que l’origine de certains bad guys. Elle a également le mérite de nous narrer de nouveau la rencontre entre Mary-Jane et Peter, ainsi que l’installation progressive du triangle amoureux qu’ils formaient avec la ravissante Gwen.
Il est tout à fait évident que Jeph Loeb et Tim Sale furent au sommet de leur art lors de la création de ce récit. Cela se ressent via les magnifiques illustrations, le scénario intéressant et les dialogues travaillés, malgré quelques blagues de Spidey parfois peu recherchées. Le tout forme un récit plutôt passionnant, tout en rendant un très bel hommage à la période Stan Lee/John Romita Sr sur l’homme-araignée, sans oublier quelques cases mythiques redessinées par Tim Sale. Nous pouvons également féliciter le travail du coloriste Steve Buccelato, qui rend ce récit beau et pétillant par ces couleurs dignes de l’âge d’or de Spidey. Ce plaisant résultat est le fruit d’un précieux travail et d’une combinaison de talents qui permet de dépayser le lecteur, loin de certains comics uniquement basés sur l’action et leurs batailles épiques et superficielles. Tout comme Stan Lee l’avait co-créé et scénarisé au fil de ses premières aventures, Peter Parker est le personnage de comics le plus « humain » auquel le lecteur a toujours pu s’identifier au fil des années, ayant des soucis personnels et financiers, ainsi que des dilemmes sentimentaux, et Jeph Loeb a très bien su retranscrire tout cela dans Spider-Man : Bleu.
En conclusion, Spider-Man : Bleu est un sympathique hommage à l’âge d’or de Spider-Man (notamment la période Stan Lee/John Romita Sr), tout en étant un récit émouvant et nostalgique, permettant même d’installer un traitement inédit de Kraven le chasseur. Tout comme les lecteurs qui avaient pleuré la mort du formidable personnage qu’était Gwen Stacy, Peter tente encore de faire son deuil des années après, à travers un scénario aussi doux que dramatique. Tim Sale et Jeph Loeb ont su montrer aux lecteurs qu’en plus d’être doués sur la psychologie et le polar noir dans leurs titres de Batman, ils savaient également manier la mélancolie et la romance grâce à ce récit, tout en nous livrant de sympathiques scènes d’action.
8,5/10