Un biopic efficace, bien que classique, sur le parcours tumultueux du créateur de Wonder Woman.
Le psychologue écrivain William Moulton Marston, inventeur du détecteur de mensonges, est à l’origine de l’un des personnages les plus emblématiques de l’écurie DC comics. Le film retrace le parcours de création en remontant assez loin dans la vie du professeur. Dans l’Amérique puritaine et ultraconservatrice des années 30, William Marston et sa femme Élisabeth, interprétés respectivement par Luke Evans et Rebecca Hall, sont tous deux professeurs d’université et étudient les variantes des rapports dominants/dominés dans la société. Les aidant dans leurs recherches, l’une des étudiantes, Olive, incarnée par Bella Heathcote, voit vite son admiration pour les deux chercheurs se transformer en amour. Un triangle amoureux qui se heurte aux regards réprobateurs de leurs contemporains.
Le polyamour et les quelques déviances de mœurs du couple Marston pourraient sembler aujourd’hui bien anodins dans une société qui prône la tolérance et le respect des orientations sexuelles de chacun. C’est dans un contexte de rejet et d’indignation que nait, non sans douleur, le personnage de « Suprema, the Wonder Woman » qui deviendra plus sobrement Wonder Woman. De ses origines à sa création, en passant par le combat de Marston avec le comité de censure des publications.
Si l’aspect glamour de la relation qui unit les 3 principaux protagonistes est grandement mis en avant, il distille assez habilement les différents éléments qui composent le fond et la forme de l’univers de Wonder Woman. Sans longueurs, le film pose un regard mature et distancé sur un personnage qui, bien qu’ayant défrayé la chronique à son lancement, est devenu un symbole de force, de justice et d’amour, ainsi que l’un des composants du noyau dur de la ligne éditoriale DC comics.
Chaque membre du cast remplit le contrat et porte le film de Angela Robinson avec justesse et intensité. Et les deux actrices interprètent à la perfection les deux femmes aux caractères diamétralement opposés qui forment dans l’esprit de Marston, la femme parfaite. Du lasso de vérité, aux bracelets déflecteurs en passant par l’avion invisible, tous les éléments qui composent l’esthétique du comics sont présents tout au long du film de manière plus ou moins subtile. La réalisatrice jalonne son récit de références et métaphores visuelles qui permettent de saisir le schéma de construction de la déesse Amazone dans l’esprit de Marston.
À des kilomètres d’un blockbuster super-héroïque, My Wonder Women observe le mythe du comics par le biais du drame humain qui a mené à son existence, sans jamais tomber dans le mélodrame. Un récit instructif, auquel s’ajoutent quelques passages érotico-soft qui mettent en avant l’aspect très érotisé de WW à ses débuts, qui lui valut les foudres de la censure de l’époque. Un drame plein de passion qui séduira les spectateurs souhaitant découvrir les hommes et surtout les femmes à l’origine de la plus célèbre des Amazones. Le format très hollywoodien du film enlève cependant une certaine authenticité aux personnages, en particulier Olive.
Sortie prévue le 18 avril 2018.